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Interview Frédérique Laurent – Écouter notre corps est la meilleure façon de comprendre ses besoins.

Interview Frédérique Laurent – Écouter notre corps est la meilleure façon de comprendre ses besoins.

Après une école d’ingénieur en agroalimentaire, Frédérique Laurent passe plus de 20 ans dans le monde de l’entreprise dans différentes missions de management, consulting et formation. C’est un coaching réalisé dans l’entreprise il y a 10 ans et une vie personnelle bouleversée qui lui ouvrent les yeux sur l’importance de l’être humain et de son équilibre, parfois fragile.

Frédérique a toujours puisé sa vitalité dans le sport et les voyages. Ce qui la mène avec son compagnon à la découverte des territoires sous-marins, en plongeant sous différentes latitudes et dans des raids à travers le monde jusqu’à l’ultime raid… celui de la maladie imprévisible et fulgurante, dans laquelle Frédérique l’accompagne jusqu’au dernier souffle.

Pour construire un nouvel équilibre, elle s’appuie sur la course à pied… et entame une reconversion vers la naturopathie pour compléter sa formation d’ingénieur agroalimentaire. L’approche globale et transversale de la naturopathie, lui permet de retrouver son potentiel en s’appuyant sur trois grands axes que sont l’alimentation, l’activité physique et la gestion des émotions. Ce sont ces trois grands axes qui servent de socle pour la préparation de son défi « Grand Chelem Marathon Nature » imaginé et réalisé, avec son nouveau compagnon, Christophe. À ses côtés, elle retrouve le plaisir de courir à deux et découvre le bonheur de se dépasser pour les autres.

Première Française membre du Marathon Gran Slam Club (un marathon sur les 5 continents, en Antarctique et au Pôle Nord), Frédérique est également l’auteure d’un doublé historique et inédit : seule femme vainqueur des deux marathons réputés les plus durs au monde : le marathon des glaces en Antarctique (2014) et le marathon du Pôle Nord (2017). Elle partage désormais son expérience et ses connaissances en tant que naturopathe, sur Annecy et à travers des conférences.

Jade Perraud : Bonjour Frédérique, vous avez couru plusieurs marathons de l’extrême. Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs en quoi cela consiste-t-il ? Combien de marathons de l’extrême avez-vous couru ?

Frédérique Laurent : C’est à deux que nous avons imaginé de réaliser le premier Grand Chelem Marathon de pleine nature. C’est-à-dire, courir un marathon sur chaque continent, en se mesurant aux 5 éléments le feu, le métal, l’eau, le bois et la terre, sur 42,195 km (la distance officielle du marathon) et en y associant les deux pôles !

La distance de 42,195 km est la distance référence du coureur à pied. Distance mythique qui a longtemps été interdite aux femmes ! Cette distance, nous la courons, guidés par la théorie des 5 éléments définissant l’organisation de l’univers où l’espace et le temps sont indissociables.

Chaque élément, reflet d’une saison, s’associe notamment à une couleur, un organe… et représente une des cinq branches d’un pentagone étoilé, signification symbolique d’une représentation de l’homme en action, équilibré et vivant (tel un marathonien !).

Courir sous toutes les latitudes, jamais sur le bitume et dans des conditions qui seront parfois extrêmes : sur la glace, dans le désert de sel, en altitude, dans la savane africaine, mais aussi sous terre, dans l’eau ou sous le feu des volcans !

C’est en 1908 que la distance moderne de 42,195 km a été fixée, lors des Jeux olympiques de Londres. La famille royale anglaise voulait commencer la course au château royal de Windsor et la terminer dans le stade de White City (un stade aujourd’hui disparu et remplacé par un site de bureaux ultramodernes). 41,83 km séparaient Windsor de ce stade. Mais 3,218 km ont été ajoutés à l’exigence de la famille royale pour que la course puisse se terminer à leurs pieds, devant la loge du stade qui leur était réservée. Suite à cette modification, de nombreux débats eurent lieu, et la distance officielle est vraiment et définitivement passée à 42,195 km en 1921. Celle courue aujourd’hui sur tous les continents.

Jade Perraud : Quel est votre but ? Courrez-vous pour une association ?

Frédérique Laurent : Des volcans actifs du Pacifique Sud aux immensités glacées des pôles Sud et Nord, en passant par la jungle, le désert, l’altitude, nous avons couru ensemble, dans les situations climatiques les plus extrêmes. Non pas pour mettre notre organisme face à des défis impossibles et traumatisants mais pour révéler ses capacités d’adaptation tout en l’accompagnant avec les principes de la naturopathie.

Et au-delà de courir sur chacun des 5 continents, notre volonté, notre motivation, est de courir utile. Nous courons au nom de l’association, Monsieur Nez Rouge, créée en 2006 par Guy Dumont. Cette discrète association se donne pour mission de sensibiliser le public pour faire connaître et reconnaître les pathologies rares que sont les maladies orphelines.

Monsieur Nez Rouge récolte des fonds pour aider à trouver les remèdes et les moyens pour soigner et guérir les tout-petits atteints de maladies rares et pour leur apporter du bien-être au quotidien. La mise en lumière de notre aventure a permis de financer du matériel médical adapté à ces enfants. Dépassement de soi, engagement, envie, EN VIE, volonté, espoir, autant de valeurs que nous voulons partager avec les enfants de l’association, eux qui se battent contre la maladie.

Jade Perraud : Vous courez avec votre compagnon Christophe, suivez-vous la même préparation physique ?

Frédérique Laurent : Au-delà des séances de fond habituelles pour des marathoniens, notre interrogation première est comment adapter notre organisme à ces conditions extrêmes tout en restant dans notre contexte de vie habituelle. Par exemple, pour la préparation aux pôles, nous avons choisi de consacrer du temps à la phase d’adaptation au froid, avec des entraînements en chambres frigorifiques et tunnel de surgélation, synonymes de températures négatives avoisinant les -35°C !

Les congélateurs industriels recréaient les conditions polaires, ce qui nous a permis de tester nos capacités de résistance, mais également de peaufiner nos choix en termes d’équipement (gants, bonnets, lunettes, collants, vestes…) pour un marathon prévu sur glace et par -30°C minimum. En effet, il faut veiller à bien protéger les extrémités du corps et du visage, tout en conservant suffisamment d’espace pour assurer une bonne ventilation. Durant toutes ces séances en chambre froide, nous avons cherché la combinaison idéale, celle qui permettrait d’évacuer la transpiration, mais ferait en sorte qu’elle ne gèle pas. Et dans ce cadre, Christophe et moi n’avons pas la même résistance au froid et donc pas les mêmes besoins en termes de matériel et de soutien par les plantes par exemple.

Christophe Lebrun et Frédérique Laurent lors du Marathon des Glaces en Antarctique avec la banderole, « Un Pas de Plus pour Monsieur Nez Rouge », bannière symbolisant une belle association humanitaire et solidaire entre tous les peuples.

Jade Perraud : En tant que naturopathe, pouvez-vous nous parler de la préparation d’un marathon de l’extrême ? La préparation physique et mentale est-elle la même pour le Marathon des Glaces que pour celui de Métal par exemple ?

Frédérique Laurent : S’engager dans un tel défi demande un équilibre de vie sur tous les plans : physique, psychique, émotionnel, énergétique afin de pouvoir concilier vie professionnelle, vie familiale et défi sportif. C’est pourquoi, le programme de préparation s’appuie sur le bilan vital et les principes fondamentaux de la naturopathie.

À partir de différentes observations et de l’anamnèse, un bilan vital est établi, propre à chacun de nous. Il sert de base pour construire un programme approprié à nos besoins et permet d’utiliser les techniques naturelles les plus adaptées au défi Grand Chelem Marathon (alimentation, sophrologie, massage, chiropractie, ostéopathie, hydrologie, aromatologie, phytologie…). La préparation physique et mentale va donc être spécifique à chacun car nous n’avons pas les mêmes forces et fragilités… selon les conditions climatiques à affronter.

Ainsi, pour le marathon sur le Salar d’Uyuni, la rareté de l’air liée à l’altitude (4 000 mètres), la température fraîche (< 10°C), le taux d’humidité relativement faible et une charge en ultraviolet importante, nous ont orientés vers une préparation en altitude, l’utilisation de plantes adaptogènes pour le mal des montagnes notamment. Alors que la préparation au marathon d’Entabeni dans la réserve naturelle avec les animaux en liberté, nous a orientés vers l’accélération de nos foulées et tout un travail sur la gestion de la peur liée à la sensation d’être plutôt proie que prédateur !

Jade Perraud : Avez-vous une alimentation spécifique ?

Frédérique Laurent : Une alimentation équilibrée au quotidien est incontournable dans le cadre de notre préparation. Contrairement aux idées reçues, cet équilibre n’est pas synonyme pour nous, de privations, de restrictions, d’interdictions… Notre alimentation ne nécessite pas de calculs fastidieux en matière de calories ou d’apports journaliers recommandés pour tel ou tel aliment. Écouter notre corps est la meilleure façon de comprendre ses besoins. Par contre, l’alimentation doit apporter le carburant nécessaire à l’effort et assurer l’apport des différents éléments nécessaires à un fonctionnement efficace (notamment en termes de récupération et de réparation) de l’organisme.

En termes de proportion cela se traduit par 55 % de sucres lents (pâtes, riz, pains semi-complets, pomme de terre…), 25 % de lipides (majorité d’huiles contenant des omégas 3 et 6 dont l’huile de lin, de carthame, de sésame, poissons gras type saumon, maquereaux…), 15 % de protéines (volailles, poissons, œufs, lentilles, pois chiches, fromages de chèvre ou brebis…) et 5 % de sucres rapides (chocolat, crème dessert, fruits…).

Ensuite nous adaptons en fonction des conditions que nous allons rencontrer sur place. Par exemple, pour le marathon sur la Salar d’Uyuni, nous avons privilégié l’apport en protéines avant le départ pour la réduire ensuite afin de ménager nos reins fragilisés par l’altitude. Pour les deux pôles, la dépense énergétique est telle sur un marathon (1 000 kcal/h environ) que nous avons appris à multiplier nos prises alimentaires afin d’adapter notre système digestif à une activité quasi constante pour assurer l’apport de calories suffisant une fois sur place à -40°C

Jade Perraud : Quels compléments alimentaires peuvent aider ?

Frédérique Laurent : Les antioxydants sont indispensables pour nous permettre de récupérer et de maintenir le corps dans un état d’équilibre afin de se réparer plus vite. La COQ10 est un atout indéniable durant tout le grand chelem.

Pour diminuer les effets liés au mal des montagnes, outre l’acclimatation en haute altitude durant les jours précédant notre marathon, la Rhodiola est notre fidèle alliée à raison d’une prise quotidienne un mois avant le départ et durant tout le séjour en Bolivie.

Le ginkgo biloba renforce les capillaires sanguins des extrémités, idéal pour le grand froid, le sérum de Quinton arrive derrière pour compenser les pertes en micronutriments… et le bol d’air Jacquier est notre compagnon depuis notre premier marathon pour apaiser le corps et faciliter la récupération…

Frédérique Laurent et Christophe Lebrun sur le désert salé du Salar d’Uyuni, en Bolivie, fin octobre 2012. © Grand Chelem Marathon

Jade Perraud : L’approche naturopathique est-elle un atout dans votre parcours par rapport aux autres concurrents ?

Frédérique Laurent : L’approche naturopathique est un magnifique moyen d’aller à la rencontre de soi sur tous les plans. Le plan physique par la prise en compte de nos déséquilibres corporels et en adaptant nos techniques d’entraînements et de récupération pour préserver son intégrité. Le plan éthérique par le respect de notre énergie vitale afin de l’optimiser ou de la laisser se régénérer afin qu’elle soit présente au moment adéquat. Le plan émotionnel par l’accueil de nos états d’âme comme autant de signaux du corps et l’apprentissage de la gestion des émotions pour vivre l’instant présent. Le plan mental par la découverte que la volonté parfois aveuglante devient une véritable alliée quand le mental prend sa juste place.

La victoire sur les deux pôles, est une façon de montrer que savoir préserver son organisme est le meilleur moyen de le faire performer et durer. Cela ne signifie pas le mettre en position de sécurité mais plutôt de savoir appréhender les conditions particulières auxquelles il ne peut se soustraire et l’accompagner dans ses capacités d’adaptation à travers les principes de la naturopathie.

Jade Perraud : Comment se passe la récupération d’un tel effort pour l’organisme ? Vous avez des astuces ?

Frédérique Laurent : Il y a quelques astuces pour récupérer plus vite. Les chaussettes de compression après un effort intense contribuent à une récupération plus rapide en favorisant le retour veineux et la circulation sanguine. Elles facilitent l’élimination de l’acide lactique et la réparation musculaire.

Les huiles essentielles d’estragon, de lavandin super, de petit grain de bigarade, de gaulthérie couchée dans un gel de silicium font merveille sur les jambes endolories.

Les ventouses, faciles à transporter, qui drainent l’organisme et permettent une élimination des toxines plus rapidement.

Le bol d’air Jacquier qui en facilitant l’oxygénation de l’organisme assure une récupération musculaire et mentale très efficace.

L’essentiel étant bien sûr d’avoir une alimentation équilibrée au quotidien tout en reminéralisant l’organisme à travers des superaliments ou des cures de silicium organique par exemple. Et aussi, prendre le temps de reposer l’organisme dès que possible par des microsiestes, des séances de relaxation et un espace pour la méditation de pleine conscience.

Jade Perraud : Vous avez écrit plusieurs livres, dont récemment « Ma bible de la naturopathie spécial sportif ». Ce livre est-il destiné aux sportifs débutants, confirmés ou compétiteurs ?

Frédérique Laurent : Ce livre s’adresse à tous les sportifs, qu’ils soient débutants ou compétiteurs. Bien plus qu’un recueil de bonnes pratiques, je l’ai écrit comme un outil pour apprendre à mieux se connaître, être à l’écoute de son corps en apprenant à distinguer les différents signes de fatigue normale, de surentraînement, de carences nutritionnelles, de posture…

Jade Perraud : Quels types de conseils peut-on y trouver ?

Frédérique Laurent : Vous y trouverez des clés d’hygiène de vie (réglage alimentaire, intolérances, régime hypotoxique, équilibre acido-basique, gestion de la glycémie…), des conseils pour une récupération efficace, une gestion du mental et des émotions, des astuces pour les petits bobos (troubles digestifs, inflammations, blessures…) et l’adaptation au rythme des saisons à travers les méthodes naturopathiques telles que la réflexologie, l’hydrologie, les plantes, les huiles essentielles…

Jade Perraud : Vous avez d’autres projets en cours ?

Frédérique Laurent : Le Grand Chelem Marathon créé sous le signe du partage a été l’occasion d’aller à la rencontre de soi, de notre planète et de ces êtres parfois oubliés en raison de leur différence. Ces richesses recueillies à chacun de nos pas, nous avons eu à cœur de les offrir en retour à travers un film : Adaptogènes. Lien de la bande-annonce sur YouTube https://www.youtube.com/watch?v=G7e6AlcA3gM . Nous avons collaboré avec Planète.D pour documenter de façon intimiste car si courir était le seul but nous passerions à côté de l’essentiel de l’aventure. La sortie est prévue en avril 2018 et nous serons présents aux ASN de juin 2018 à Aix-les-Bains. D’ici quelques semaines, nous partirons pour d’autres marathons : ceux des festivals et des conférences afin de partager encore et en corps.

Frédérique Laurent – Naturopathe école CENATHO

Certifiée FEHNAMANN et OMNES – Coach particuliers et entreprises – Formatrice et Conférencière
Cabinet « les Carrés Solaires » à Annecy-le-Vieux
Cabinet « Ostéo Sillingy » à Sillingy
Site internet : www.naturopathe-annecy-74.com
Courriel : grainedepossible@gmail.com

Marathoniens de l’extrême – Carnet de bord

Christophe Lebrun & Frédérique Laurent – Éditions du Rêve

Ce couple de marathoniens s’est lancé un défi fou : le Grand Chelem Marathon Nature. Prenant leur revanche sur la maladie, ils cultivent le plaisir de se dépasser et de parcourir le globe, pour eux et pour les associations qu’ils soutiennent. Frédérique, naturopathe, met cette science complète et transversale au service de leurs challenges. Jour après jour, heure par heure, dans ce carnet de bord, ils partagent avec le lecteur les curiosités du monde et leurs plus belles rencontres. Mais aussi leurs connaissances du corps et de ses capacités. Aventuriers, sportifs, rêveurs invétérés : plongez dans leurs aventures extraordinaires.
(251 pages – 20,00 €)

 

Ma bible de la naturopathie spécial sportif

Frédérique Laurent – Éditions LEDUC.S

Bien plus qu’un recueil de bonnes pratiques, ce livre se veut un outil pour mieux se connaître, être à l’écoute de son corps en apprenant à distinguer les différents signes (fatigue normale, surentraînement, carence nutritionnelle, déséquilibre postural, blessures…) et appliquer les principes spécifiques à chacun, que vous soyez débutant, confirmé ou compétiteur dans la pratique sportive d’endurance. Des clés d’hygiène de vie au quotidien, dont le réglage alimentaire, les intolérances, le régime hypotoxique, l’équilibre acido-basique, la gestion de la glycémie… Des conseils pour une récupération efficace, sur la gestion du mental et des émotions, sur le choix des vêtements… L’encadrement des mille et un soucis bien connus des sportifs, confirmés ou débutants : blessures, troubles digestifs, inflammations, ampoules… L’activité sportive au fil des quatre saisons où seront utilisées les techniques naturelles telles que la réflexologie, l’hydrologie, les plantes ou les huiles essentielles.
(432 pages – 23,00 €)

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