close
Bien-êtreInterviewsNutritionSanté naturelle

Entretien avec Frédéric Boukobza – Jeûner pour purifier le corps, apaiser le mental et éclairer l’esprit

paysage

Frédéric Boukobza –
Naturopathe et Directeur de l’Institut Supérieur de Naturopathie (ISUPNAT)

Jade Perraud : ISUPNAT organise le 20 janvier 2018 un grand colloque(1) sur la pratique du jeûne. Pourquoi avoir choisi ce thème ?

Frédéric Boukobza : Parce que le jeûne est un formidable outil de prévention santé. Il s’agit d’un procédé appartenant à une technique majeure de la naturopathie, la bio-diététique. Si la bio-nutrition consiste à savoir se nourrir conformément à sa physiologie digestive en apportant une matière première de qualité pour remplacer la matière usée et maintenir la vie, la bio-diététique c’est différent.

Elle a pour objet de réduire l’alimentation – voire de la supprimer, dans le cas d’un jeûne – afin que l’organisme puisse puiser sur ses propres réserves, se nettoyer, se réharmoniser et contribuer à l’auto-guérison. Certes, le jeûne thérapeutique est de plus en plus pratiqué dans l’accompagnement des pathologies lourdes (maladies auto-immunes, cancers) avec les succès que l’on connaît. Toutefois, cet aspect du jeûne relève du domaine de l’allopathie, pas de la naturopathie.

Jade Perraud : Quelles sont donc les spécificités du jeûne en naturopathie ?

Frédéric Boukobza : Le jeûne a une place centrale dans la naturopathie, tant dans ses principes fondateurs que dans la pratique, ce qui en fait une approche unique et très différente de son utilisation en allopathie thérapeutique.

Dans ses principes fondateurs d’abord :

  • Nous avons une approche vitaliste et non interventionniste : le naturopathe à travers le jeûne n’intervient pas sur une pathologie mais sur le terrain d’une personne bien portante ou « malade ». Il s’agira dans les deux cas d’assainir et renforcer le terrain en s’appuyant sur l’énergie vitale disponible (condition première de la pratique du jeûne), en soutenant le potentiel d’auto-guérison. Dans les deux cas, la force vitale se met au service du jeûne, et inversement. Si la vitalité n’est pas suffisante, un jeûne pourrait avoir des conséquences graves.
  • Le jeûne est également au cœur de notre pratique hygiéniste, c’est-à-dire un moyen d’hygiène de vie, un procédé majeur de prévention santé en revenant aux lois biologiques qui nous permettent de vivre bien, de vivre mieux : mettre l’organisme au repos (à commencer par la fonction digestive), éliminer, reposer le mental, se recharger en énergie au contact de la nature.
  • Le jeûne permet une amélioration de ce que Hippocrate appelait les « humeurs », l’ensemble des liquides et sérums du corps, en éliminant les métabolites toxiques. Cette amélioration de la qualité des liquides est la condition première pour que l’organisme puisse se réparer.
  • L’approche ne peut être que globale : le jeûne ne va pas simplement jouer de façon spectaculaire sur le corps physique en améliorant tous les paramètres biologiques mais également sur tous les autres plans de l’être.
    • Énergétique : qui n’a pas constaté en faisant un jeûne un regain notable d’énergie ?
    • Mais également, psycho-émotionnel, en facilitant la mise en jachère du mental, en permettant de retrouver une pensée claire et lumineuse et un retour au calme intérieur.
    • Enfin, en retrouvant du temps pour soi, nous allons mieux prendre conscience de nous-même, de nos besoins profonds. Il facilite l’accès à l’expérience spirituelle, en nous ouvrant sur l’universel. Il s’agit d’un renouveau sur tous les plans.
  • Le jeûne permet de nous reconnecter et de retrouver notre nature profonde : notre société d’abondance nous a fait un peu vite oublier que dans la nature, selon le rythme des saisons et les conditions climatiques, l’être humain comme l’animal disposent d’une capacité d’adaptation. Celle-ci est inscrite dans nos gènes et a été pendant des milliers d’années indispensable à notre survie en cas de disette. Nous sommes programmés pour faire face au manque d’aliments, beaucoup plus qu’à leur surabondance ; ce qui fait qu’un homme en bonne santé, je dis bien en bonne santé, pourrait jeûner 30 jours sans problème. N’oublions pas que le jeûne s’adresse d’abord aux bien portants !

Mais également dans les applications pratiques :

  • Synergie des techniques tout au long d’un jeûne : le jeûne en naturopathie n’est jamais isolé des autres techniques de naturopathie qui lui donnent encore plus de souplesse, d’efficacité et de sécurité. Je m’explique : l’apport des différentes techniques (exercices physiques, pratiques respiratoires, sauna, massages, irrigation colonique,) permettra de renforcer les capacités d’élimination des émonctoires filtres (Foie-Intestins, Reins, Peau, Poumons). Cette pratique est sans aucun doute la seconde clé de réussite d’un jeûne (après celle de l’énergie vitale) afin que le corps puisse supporter la mise en circulation des déchets métaboliques. Cette synergie est unique à la naturopathie.
  • Dans la pratique toujours, le naturopathe, pourra faire bénéficier de ses compétences d’éducateur de santé et d’accompagnateurs des processus de détoxination et de réparation. Il conseillera la personne tout au long du processus : préparation et entrée, déroulement, sortie. Il privilégiera toujours une démarche individualisée en fonction des spécificités du jeûneur : son terrain, ses réactions en variant l’intensité et le temps : jeûne long, jeûne d’une journée, monodiètes, soit une extraordinaire souplesse et toujours du sur-mesure. Il n’y a pas de protocole en naturopathie.
  • Enfin toujours dans la pratique, la décision de jeûner relève du choix éclairé du jeûneur et de sa participation active avant, pendant et… après pour revenir ou découvrir une meilleure hygiène de vie. Le jeûne reste une aventure intérieure qui doit être concrétisée.

Jade Perraud : Vous avez invité des intervenants prestigieux, comment les avez-vous choisis ?

Frédéric Boukobza : Notre colloque est aussi un lieu de rencontres professionnelles pour nos naturopathes, d’autres professionnels de santé et le grand public. Il me paraissait important d’organiser un congrès de haut niveau, et cependant accessible à tous sur des questions essentielles que peut poser la pratique du jeûne :

  • Les mécanismes physiologiques du jeûne et leurs effets bénéfiques sur la santé.
  • Les précautions de mise en œuvre ainsi que les conditions de réussite.
  • Les liens entre les différents plans de l’être.
  • Sa pratique thérapeutique en Allemagne, expérimentée depuis des décennies, dans l’accompagnement des maladies de civilisation.
  • Les dernières avancées scientifiques le concernant.

C’est ce que vont apporter le professeur Yvon Le Maho, les journalistes et documentaliste Thierry de Lestrade et Sylvain Guilman, le Docteur Wilhelmi de Toledo et le philosophe Frédéric Lenoir. Il y aura également de nombreux témoignages de tous ceux qui ont cette expérience et de nombreuses interactions avec le public.

Qu’un institut de formation en naturopathie comme le nôtre puisse le faire sera une grande première en France et également est un signal positif pour la profession.

Jade Perraud : J’avoue que j’ai été assez surprise du choix de Frédéric Lenoir.

Frédéric Boukobza : La restriction alimentaire et le jeûne en particulier sont largement présents dans les grands courants de sagesse de l’histoire de l’humanité et les principales religions. Le jeûne permet de revenir à l’essentiel, de gagner en harmonie sur tous les plans de l’être et d’éclairer la conscience. Le jeûne, tout comme la méditation nous offre un silence intérieur avec nous-même, propice à l’ici et maintenant et un accès direct à notre intériorité. En interrompant le flux de l’activité mentale, jeûne et méditation nous permettent de retrouver le calme du corps et de l’esprit, propres à l’autoréparation. Le philosophe Frédéric Lenoir, adepte du jeûne, pourra ainsi facilement aborder le « jeûne de l’esprit », si nécessaire aujourd’hui pour nos cerveaux hyperactifs…

Jade Perraud : Autre surprise, dans vos intervenants, je ne vois pas de naturopathes…

Frédéric Boukobza : Cela peut effectivement surprendre mais c’est le choix que j’ai quasiment toujours fait dans tous les précédents colloques ISUPNAT. La raison en est simple : nous formons toute l’année nos stagiaires et le grand public à l’hygiène de vie et à la naturopathie. C’est notre raison d’être, notre cœur de métier. Notre ADN, c’est l’empirisme des Anciens qui puise ses racines chez Hippocrate et dans la lignée des grands hygiénistes des siècles passés et contemporains. Il n’en demeure pas moins que j’ai souhaité qu’ISUPNAT reste ouverte sur l’extérieur et sur la modernité : il serait fort dommage de méconnaître les dernières avancées scientifiques, surtout lorsqu’elles apportent des justifications rationnelles à nos techniques ancestrales et qu’elles corroborent ainsi notre art naturopathique. C’est particulièrement vrai pour la pratique du jeûne.

Jade Perraud : j’ai vu que la Fédération Française de Jeûne et Randonnée (FFJR) était l’un des partenaires d’ISUPNAT pour cet évènement. Pourquoi associer le jeûne à la randonnée ?

Frédéric Boukobza : S’adonner à une activité physique pendant le jeûne peut sembler paradoxal mais n’oublions pas qu’en temps normal sur les 100 % d’énergie dépensée, 35 % sont consacrés à la digestion, 45 % aux fonctions motrices et 20 % au métabolisme de base. Le jeûne permet de transférer cette énergie disponible aux autres fonctions. Si bien que l’activité physique modérée (il ne s’agit pas de courir un 110 mètres haies ni de faire du culturisme !) n’a que des avantages : elle permet non seulement de limiter la perte de masse musculaire due à l’immobilité, mais surtout d’aider à la désacidification de l’organisme en augmentant l’oxygénation.

Effectuée en plein air, elle permettra également plus de contact avec les éléments vitalogènes de la nature. Cette pratique qui s’effectue en groupe dans le cadre de « Jeûne et Randonnée », renforce la participation des jeûneurs en multipliant les échanges entre eux et pour certains se révèle un véritable soutien.

(1) : « Jeûner pour purifier le corps, apaiser le mental et éclairer l’esprit » le 20 janvier Paris Espace Charenton. Toutes les informations sur disponibles sur http://www.isupnat.com/colloque-isupnat.html

Françoise Wilhelmi de Toledo
Françoise Wilhelmi de Toledo a entrepris sa première expérience de jeûne à l’âge de 18 ans et depuis, elle jeûne chaque année. Après ses études de médecine à Genève et son doctorat à Bâle, elle poursuit sa formation en Suisse et en Allemagne et rencontre le petit-fils du Dr Otto Buchinger. En tant que 3e génération de l’entreprise familiale Buchinger Wilhelmi, ils mettent leurs connaissances et leur expérience à la disposition de ceux et celles qui désirent participer activement à leur propre santé. Elle est directrice médicale des cliniques Buchinger Wilhelmi à Überlingen (Allemagne) et Marbella (Espagne) où l’on pratique le jeûne dans une ambiance hôtelière médicalisée.

 

Frédéric Lenoir
Frédéric Lenoir est philosophe, sociologue, conférencier, écrivain français, et docteur de l’École des hautes études en sciences sociales. Auteur d’une quarantaine d’ouvrages, il a codirigé trois encyclopédies. Ses livres, qui rencontrent un vif succès, sont traduits en plus de vingt langues. Selon un classement de l’Obs et de l’institut GFK [archive], il est l’intellectuel français qui a vendu le plus de livres au cours des cinq dernières années.

 

 

ISUPNAT vous propose de participer au Colloque ISUPNAT 2018
ISUPNAT organise son prochain et 5e colloque le samedi 20 janvier 2018 à Paris, Espace Charenton dans le XIIe arrondissement sur le thème :

« Jeûner pour purifier le corps, apaiser le mental et éclairer l’esprit ».

Cet événement réunira pour la première fois en France des experts de très haut niveau, naturopathes, thérapeutes et le grand public. A cette occasion, vous pourrez :

  • Comprendre les mécanismes physiologiques du jeûne et leurs effets bénéfiques sur la santé.
  • Connaître les précautions de mise en œuvre et les conditions de réussite.
  • Découvrir la pratique du jeûne thérapeutique en Allemagne expérimentée depuis des décennies face aux pathologies de civilisation.
  • Comprendre comment le jeûne permet de renforcer les différents plans de l’être en organisant une régénération globale ainsi qu’un lâcher prise.
  • Aller au-delà de l’empirisme des nombreux témoignages et connaître les dernières avancées scientifiques.
  • Rencontrer des conférenciers connus, leur poser toutes vos questions et demander des dédicaces d’ouvrages.

Des conférences accessibles tant aux professionnels qu’au grand public.

La matinée est réservée aux stagiaires et naturopathes certifiés ISUPNAT, autour de rencontres organisées avec les partenaires d’ISUPNAT (voir liste plus bas), et d’une table ronde.

L’après-midi, ouvert également au grand public et à tous les autres professionnels, est articulé autour de quatre conférences et d’un débat présentés par d’éminents spécialistes du jeûne.

Les inscriptions au colloque ISUPNAT 2018 se font uniquement via le site EventBrite
https://www.eventbrite.fr
http://www.isupnat.com/colloque-isupnat.html
http://www.isupnat.com/

Étiquettes : santé